La suite de l’histoire du Moelleux. La partie une est ici.
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C’est samedi matin. J’ouvre les yeux. Il fait jour. Dehors, il pleut. Je le regarde dormir sur mon oreiller. Sa couleur chocolat toujours aussi foncée.
« J’ai envie de te manger » je lui dis.
« Qu’est que tu attends alors. Prends-moi. ».
Mais non. Il faut attendre demain. Car ce sera demain mon anniversaire. Et je veux partager cette dernier et première journée avec lui.
Alors on part déjeuner ensemble à la cantine de l’auberge.
On est les premiers. Je me sers du pain grillé, du fromage, de la confiture, des œufs, du beurre, de la salade, des fruits et un thé. Et je prends aussi une mousse au chocolat.
« Tu n’as pas honte de prendre un autre chocolat que moi?” Il me fait.
« Ce n’est qu’une mousse, je lui dis. Et puis c’est juste pour goûter. Juste une fois. J’ai vraiment trop envie de chocolat. C’est plus fort que moi »
« Aller, ça va. Je te pardonne »
Il est vraiment formidable.
« Tête de noeud, va »
Après le déjeuner, on va à la salle de sport. Je donne tout ce que j’ai. Il me regarde faire des tractions et transpirer comme une éponge sous la mer.
« J’aime te voir comme ça »
« Ca t’émousse?
« Non, ça me fait tordre de rire, hahaha »
Toujours à faire de l’humour, noir, moqueur, raciste et macho. Mais jamais méchant.
On va faire du shopping ensemble. Les magasins d’Anvers sont vraiment nombreux. Ça consomme un max ici. Je cherche des vêtements au style japonais dans un esprit wabi-sabi. Après une dizaine de magasins, je suis essoufflé. Pas lui forcément, car c’est moi qui le porte.
« J’ai besoin de manger. Viens, on va chercher du pain chez Delhaize. »
J’aime leur pain bio aux raisins. On dirait du gâteau.
J’en prends deux. Je prends une miche dans la rue comme un affamé. J’ai l’air d’un sauvage mais tant pis.
« J’aime quand tu fais le sauvage » me dit Moelleux.
On continue notre tour. Puis on arrive dans un magasin qui s’appelle Solar Shop. Des designers haute couture, de l’esprit japonais, des kimonos et des chemises de samurai réinterprétés. J’adore.
On sort de là avec la tête dans les étoiles. On se balade encore un peu. Et on découvre l’autre partie d’Anvers. Au matin, je voyais dans la rue des blonds, châtains, roux aux yeux bleus. Ici je croise des cheveux frisés foncés et des yeux bruns. Quel contraste.
« Tu crois qu’ils ont aussi mangé des Moelleux au chocolat pour devenir comme ça? » Me demande-t-il.
« Dans tous les cas, ils n’ont sûrement pas ton goût délicieux »
« Tu dis ça comme si tu m’avais déjà mangé. »
C’est vrai. Et au fond de moi, je sais qu’il est délicieux. Je le dévore des yeux depuis deux jours maintenant. Et je sens son parfum chaque fois que j’ouvre sa boîte.
On revient à l’auberge.
J’ouvre mon sac. Et je vois le Moelleux et le pain aux raisins. Ils sont occupés.
« Heyy! Tu vois bien qu’on est occupé » me fait-il.
Il lui reste une journée, il faut bien qu’il profite de ses derniers moments de vie.
Et je referme mon sac.
Je le laisse tranquille durant cette soirée. Puis, au moment où je vais m’endormir, je sens quelque chose venir sous la couette.
« Tu croyais vraiment que j’allais te laisser dormir seul. Aller, pousse-toi et fais-moi une place. » Il était revenu. On a passé cette dernière nuit ensemble. Je l’ai regardé quelques instants avant de m’endormir. Il faisait noir et il était aussi de couleur chocolat noir. Donc je ne voyais rien.