Cette après-midi, je décide d’aller faire du sport au parc du Cinquantenaire. Ma salle habituelle est fermée, et c’est sûrement ce qui m’énerve le plus dans cette situation.
Je dois alors trouver une autre solution pour sculpter mon corps. Je sais qu’il y a de l’équipement sportif en plein air au Cinquantenaire. Je marche jusque là-bas, ça me prend vingt minutes à pieds. Je n’aime pas courir ni marcher pour aller à la salle de sport. Quelqu’un m’a dit un jour « Mais tu es sportif, c’est du sport d’aller jusqu’à la salle. » Non ce n’est pas du sport. C’est une perte de temps. Quand je m’entraînais aux arts martiaux, on ne courait pas pendant vingt minutes pour le plaisir. Et puis, je n’ai pas à me justifier, je n’aime pas, c’est tout.
Il y a du monde dans le parc. Je vois des jeunes qui courent. Il y a des garçons et des filles. J’ai toujours du mal à me concentrer lorsqu’il y a des filles en legging qui font du sport à côté de moi. J’ai appris qu’il y avait des salles uniquement pour femmes. Je ne comprends pas pourquoi il n’y a pas de salles uniquement pour hommes. Je fais mes exercices mais ça m’énerve parce que je dois mettre mes mains sur le gazon, là où les gens ont fait uriner leur chien. Je déteste les gens qui ont des animaux domestiques. Un prêtre, ça n’a pas d’animaux. En tout cas je n’en avais pas.
Ce soir avec Samantha, on fait du humus et du pain. On ouvre une bouteille de Gin. C’est le jour où il faut sortir les poubelle. Alors, je prends les sacs et je vais dans la rue pour les déposer. Dehors, il fait calme et sombre. Je n’ai jamais vu Bruxelles aussi calme, j’aime ça. Juste en face de la maison, il y a un petit arbre avec des fleurs, le tout entouré de pavés. Il y une pancarte « Ne faites pas uriner votre chien ici svp. » Je regarde vers la droite et je vois un type en chaise roulante avec un chiwawa. Ils arrivent à ma hauteur. Le chien en laisse monte sur les pavés et il se prépare à sortir un cadeau liquide sur les fleurs. « Il y a un panneau pour les chiens Monsieur. » Je lui fais part à ce brave monsieur. « Ta gueule. » II me répond gentiment. Son chien me regarde en faisant son petit cadeau. Le type me tourne le dos sur sa chaise. J’ai mon sac poubelles à moitié vide et encore ouvert dans ma main. J’avance vers lui et je lui mets d’un coup sec la tête dans le sac. Il ne comprend pas ce qui se passe, il essaie de retirer mes bras mais je serre fort avec mes biceps encore chauds de l’entraînement. Je l’entends faire des petits cris rapides. Son chien me regarde encore et tourne la terre sur les fleurs avec ses pattes. Le petit enfoiré. Après trente secondes, le type ne bouge plus. Il fait calme. Je retire le sac et je pousse le gars dans un parc un peu plus loin. C’est si calme. Au soir, on annonce dans les médias qu’à partir de demain, ce sera le confinement total. Ça va être encore plus calme.
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