La plus belle histoire de la philosophie par Luc Ferry

Voici mes notes personnelles de ce livre dédié à toutes et tous qui souhaitent muscler leur esprit. C’est parti.

I. La préparation au voyage

1. Qu’est-ce que la philosophie?

Il y a une différence entre les valeurs « morales » et « spirituelles ». Dans les valeurs morales, on y trouve les termes de respect et de générosité, comme les Droits de l’Homme. Les valeurs spirituelles permettent de structurer notre rapport au monde et de donner un sens à notre existence. Il s’agit de l’amour, de notre rapport avec la mort, l’ennui.
Les valeurs existentielles touchent la question de la vie. Les valeurs morales installent un cadre pour pacifier les relations humaines.
La philosophie permet de répondre à la question « qu’est-ce qu’une vie bonne pour les mortels? »

La philosophie est différente de la religion. Dans la religion, il y a une soumission de la raison et de la liberté individuelle. Dans la philosophie, il y a l’autonomie de la raison et la lucidité de la conscience. Il s’agit de bien vivre, en partant de la vérité sans jamais la biaiser, et en surpassant notre peur, dont celle de mourir.

2. Les cinq grandes réponses de la philosophie à la question « qu’est-ce que la vie bonne? »

1. L’harmonie du cosmos
Tout est juste, beau et bon, chacun a sa place et son rang assignés. Il faut rester à sa place et cultiver les talents qui nous sont propres. Attention à l’Hybris, la démesure, l’orgueil. Ulysse, c’est l’histoire du chaos vers l’harmonie. L’espoir ne peut nous mener qu’à la perte. C’est le carpe diem d’Horace ou l’Amor Fati de Nietzsche.

2. Le principe judéo-chrétien
Le Christ promet « la mort de la mort », la vie éternelle en tant qu’individus, le retour des êtres aimés. Il faut croire d’abord et comprendre ensuite.

3. Le principe humaniste
Le sens de l’existence ne repose plus sur le cosmos, mais sur l’homme, il peut prendre son destin en main. On devient éternel dans l’histoire par ses actions.

4. La déconstruction
Nietzsche remet en question les valeurs des idéalistes (communisme, démocratie, droits de l’homme, justice sociale). « Tout idéal nie à la vie », le nihilisme, c’est croire aveuglément en des valeurs supérieures. Après le cosmos, après Dieu, les Lumières inventent l’homme de l’humanisme maître de lui comme de l’univers.

5. L’amour, nouveau principe de sens
Nous sommes prêts à nous sacrifier pour l’amour, plus pour Dieu, la patrie ou la révolution.

3. L’humanité a la conquête de son autonomie

La sagesse est une tentative pour vaincre nos peurs, qui nous rendent bêtes et méchants.

L’antiquité

4. Hésiode

La naissance des dieux. Cette partie récite l’histoire de la naissance des Dieux.

5. Platon

La société est juste quand elle est en harmonie avec le cosmos : les meilleurs en haut (idées), les courageux intermédiaires et enfin les esclaves et les ouvriers en bas. Chacun rejoint la place qui lui convient.

L’âge judéo-chrétien

7. Remise en cause

On assiste à cette époque à la remise en cause de l’éthique aristocratique. « Chacun a droit à la même dignité ». Kant apporte le principe de la bonne volonté. Attention toutefois, car on dit en latin « corruptio optimi pessima », la corruption des meilleurs est la pire.

8. Rupture entre Juifs et Grecs

Le déluge y est récité de deux manières différentes. Pour les Juifs, c’est la soumission à Dieu qui rend Noé le dominateur de la nature, c’est la religion de la scission. Pour les Grecs, c’est l’harmonie du cosmos et l’équilibre entre les hommes et la nature.

9. Réconcilier par l’amour

Jésus réconcilie la nature et la loi par l’amour.

L’humanisme

10. Naissance de l’humanisme

Selon Pic de la Mirandole, l’homme se trouve hors du monde, hors nature. Il n’est rien et peut devenir tout.

11. Portrait type de l’humanisme

  1. Le rejet des arguments d’autorité
  2. Le refus du dogmatisme et le refus de la positivité.
  3. Retour à l’expérience
  4. Les droits de l’homme: par Newton, on passe d’un monde clos à un espace et un temps infinis. Les lois physiques sont identiques partout, les lieux sont égaux et donc les humains aussi.
  5. La maîtrise technique de la nature: le monde est désenchanté, vidé du divin ou de forces occultes, il ne devient qu’une réserve d’objets exploitables.
  6. L’optimisme. La nature est le danger et il nous faut la maîtriser.
  7. La démocratisation du savoir
  8. La laïcité: séparation de la société civile et la société religieuse. C’est laisser chacun manifester ses convictions religieuses et avoir l’égalité devant la loi, peu importe sa religion.
  9. La colonisation. Toqueville disait « Les peuples qui affirment l’égalité de tous les hommes ont un devoir à dominer les autres qui leur sont inférieurs ».

14. Les critiques des Lumières

De Maistre critiquait l’universalisme en disant « Il n’y a point d’hommes dans le monde. J’ai vu, dans ma vie, des Français, des Italiens, des Russes, mais quant à l’homme, je ne l’ai pas rencontré. »

Claude Lévi-Strauss « L’Europe n’est pas LA civilisation, les autres ne sont pas sous-développées, mais différentes ».

La déconstruction

15. Schopenhauer

« Il n’y a pas de faits, mais que des interprétations »

Marx « Derrière les idéologies se cachent toujours des idées inavouées et inavouables ».

« Les choses sont ce qu’elles sont, tout est là devant nous »

Le monde est absurde et sans causalité, car il y a toujours une cause à une cause et ceci jusqu’à l’origine du monde où il n’y avait que le néant. La science est une croyance comme les enfants qui demandent pourquoi à l’infini.

La vie est une souffrance. La non-souffrance mène à l’ennui et à la recherche du plaisir continuel, voilà pourquoi nous sommes aujourd’hui dans une consommation sans limites.

Le deuxième humanisme

16. Nietzsche et la vie intense

L’amor fati: l’amour de la destinée, être dans le présent, pas dans le passé ni dans le futur.

« Il faut défendre les forts contre les faibles »

« L’artiste est un aristocrate, car il pose des valeurs sans discuter »

« Ce qui a besoin d’être démontré ne vaut pas grand-chose. L’artiste crée, n’argumente pas. L’aristocrate commande, ne discute pas ».

17 Heigedegger

Les sociétés modernes cherchent la croissance des moyens pour eux-mêmes sans finalité plus haute pour y donner sens. Ce n’est plus la maîtrise pour la liberté ou pour le bonheur, mais la maîtrise pour la maîtrise, le plaisir de croître. La mondialisation a créé la concurrence généralisée où il faut innover en permanence pour survivre, sans savoir pourquoi ni en vue de quoi.

Le deuxième humanisme

18. La révolution de l’amour

Aujourd’hui, nous sommes dans le mariage d’amour. Par rapport à avant où nous étions davantage dans le mariage de raison. Au 18e siècle, ce n’était pas parce que les enfants mouraient tôt qu’on ne les aimait pas, c’est parce qu’on ne les aimait pas qu’ils mouraient tôt. Le mariage d’amour nous attache à nos enfants comme jamais.

19. Le réenchantement du monde

« Aujourd’hui, la nation et la révolution sont mortes »

Mon avis sur le livre

Écrit sous la forme d’un interview, le livre est assez facile à comprendre dans sa structure. Luc Ferry résume très bien l’ensemble de l’histoire de la philosophie occidentale. Attention, toutefois, si vous n’avez pas l’habitude de lire un livre sur ce sujet, il risque dès lors de vous paraître un poil compliqué. Quelques passages m’ont paru aussi trop détaillés, voire quasiment perdus dans des explications dédiées à des experts. Je n’ai par exemple pas repris les points 12 et 13 sur Kant, Hegel et Marx. Mes parties favorites étaient le début qui parlait de la Grèce antique et la fin sur la déconstruction. Je compte d’ailleurs m’intéresser davantage sur ces thèmes prochainement.

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