L’extraordinaire histoire du Moelleux au chocolat – Partie 3/3

Suite et fin de l’histoire du Moelleux.

Lisez la partie une et la partie deux

Je lui raconte mon rêve.

« Je suis avec Elle dans un grand bar avec un piano. Je joue du jazz comme un pro. New York de Frank Sinatra et aussi Happy Birthday façon jazzy. Je la vois danser avec d’autres filles façon Moulin Rouge, elles avaient préparé une chorégraphie. Puis on part ensemble et je la porte dans mes bras »

Je lui raconte donc cela en détail. Et il me répond:

« Intéressant comme rêve. Laisse moi dormir maintenant.”

C’est notre dernière journée

Je le regarde dormir

« Et arrête de me regarder dormir. C’est malsain mon pote. »

Mais on était plus que potes. On est destiné à ne faire qu’un. Et ce sera pour aujourd’hui. J’ai du mal à y croire. On a passé ces deux derniers jours ensemble. C’était si beau. Je veux le garder près de moi et pouvoir lui parler encore et encore.

Je le laisse se reposer dans les draps encore chauds. Sans faire de bruit, je pars à la cantine pour prendre le déjeuner. Après ça, je me rends à la salle de sport. Je donne tout à nouveau. Après une bonne heure d’entraînement, je reviens dans la chambre.

« Tu es prêt? » me demande-t-il.

« Non. Mais allons-y »

Et on y va. Je plie mes affaires et je vide la chambre. On part dans le salon de l’auberge. La pluie tombe. On attend. La porte de la terrasse est ouverte. On entend l’eau tomber sur le sol. Puis ça se calme. On sort du bâtiment et on fait quelques pas. Je me demande si je pourrais vivre ici. Puis je pense à l’Allemagne. Ici, je ressens plus de compétition. En Allemagne, j’ai l’impression qu’il y a plus de cohésion, plus de bienveillance et de connexion. Je pense aussi au Japon. Il faut absolument que j’y aille. Mais ce sera sans Moelleux. Ou avec lui d’une certaine manière. Car le moment est venu.

Moelleux assis sur le banc. La tête dans les nuages.

Nous nous dirigeons vers le bord de l’Escaut. On fait quelques pas ensemble. On s’assied d’abord sur un banc. Sur le mur derrière, il est indiqué « Aucun mur ne sera capable de nous séparer ». Puis on passe devant un camion rouge pour touristes.

« Tu crois que j’aurais pu conduire un camion comme celui-là? » Il me demande.

« J’en suis certain »

Moelleux et son envie de conduire un camion.

On commence à réaliser. Dans quelques moments, nous serons séparés. Nous ne nous reverrons plus. Nous ne nous parlerons plus. C’est horrible. Je commence à avoir peur. Je ne veux pas qu’il parte. J’ai des larmes qui commencent à couler.

« Je serai toujours là, tu sais » me fait-il.

« C’est sûrement l’un des plus beaux week-ends de toute ma vie. Et je ne veux pas que cela s’arrête ici. »

J’ai une boule au ventre. Je ne me sens pas capable de le faire. Je veux le garder pour moi. L’avoir à mes côtés et continuer à lui parler. Me réveiller à ses côtés et entendre sa voix chocolatée.

« Regarde, un bateau passe » me dit-il.

Nous sommes assis le long du quai. Les vagues approchent. Il y a un rayon de soleil.

« Chante-moi une chanson et commence”, chuchote-t-il.

Je le prends dans ma main. Je commence à chanter Joyeux anniversaire. Je le regarde en même temps et il me regarde aussi. Je voix tous les petits morceaux de chocolat qui le composent. Je m’avance près de lui. Je l’embrasse d’abord. Et je prends une petite bouchée. Mes larmes coulent. Je continue à chanter en même temps. C’est la plus triste et la plus joyeuse chanson de tous les temps. Je ressens son goût chocolaté qui frôle mes dents et se pose sur mon palais. C’est une explosion de saveurs. Je n’aurais jamais cru qu’il soit aussi délicieux. J’ai à peine avalée la première bouchée que je commence doucement à en prendre une deuxième de la même taille. Petite et délicate. Je le vois disparaître seconde par seconde. Et je le sens en moi en même temps. Je le sens vivre à travers moi. Je reprends une autre bouchée. Et une autre. Et une autre. Quelques goutes commencent à tomber. Il devient de plus en plus petit. Il me regarde encore. Une miette tombe dans le creux de ma main. J’arrive bientôt à la fin. Il reste deux bouchées.

« J’étais heureux de cette petite vie avec toi » me fait-il.

Je ne sais pas quoi lui répondre.

Je reprends une bouchée. Il n’en reste qu’une seule avec la miette toujours là.

Il est toujours là, sa tête tournée vers moi.

« Bon anniversaire, me fait-il calmement. Et ne mets pas des miettes partout. L’élégance, n’oublie pas. »

Je le regarde. Et il me regarde encore en me souriant. Il me fait un signe. Et doucement, je prends la dernière bouchée. Et la miette en même temps. Je le sens se disperser en moi. Je regarde le creux de ma main. Il n’est plus là. Je n’arrive pas y croire. Je continue de mâcher et de l’avaler avec apaisement. Il n’est plus là. Ce n’est pas possible. Il n’est plus là. J’ai des frissons. Je regarde les vagues passer. Les gouttes tombent de plus en plus fort.

Il n’est plus là. Puis je pense à lui. Et il est encore là. Il est toujours là. Il sera toujours là. Près de moi. Petit Moelleux au chocolat. Petit être heureux et malicieux. Il me rend maintenant heureux plus que jamais.

C’était mon plus bel anniversaire.

Grâce à toi.

Merci.

 

Moelleux et moi.