Interview avec Marie Brisart, artisan potière

Le minimalisme, c’est s’entourer de qualité au quotidien. Marie fabrique une vaisselle solide et élégante.

Assiettes, bols, tasses, plats, théières, vases, ses créations respirent l’élégance et la simplicité. À l’heure où nous consommons des objets produits de manière industrielle, le travail de Marie fait mesure d’exception. Son travail mérite tellement d’être connu. Voilà pourquoi nous souhaitions la mettre en valeur. Vous pouvez même lui faire des commandes personnalisées. Découvrez une véritable artiste passionnée et qui produit localement. Son site web : mariebrisart.com

Bonjour Marie, peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Marie Brisart, j’ai 37 ans et je suis artisan potière. J’ai initialement une formation d’illustratrice et une autre d’anthropologue. Ces deux enseignements ont suscité chez moi un vif intérêt pour l’esthétique et pour la question de la culture matérielle.

Comment es-tu venue à la poterie ?
Quand j’avais 6 ans, mes parents m’ont inscrite à l’académie des Beaux-Arts de Boitsfort dans la section céramique. Je n’ai jamais arrêté de travailler la terre depuis lors car j’y ai toujours trouvé une grande source de satisfaction et de développement. En 2013, j’ai décidé de me consacrer à la matière qui m’avait tant inspirée depuis mon enfance et de devenir potière. Je voulais pouvoir matérialiser mon identité et mon histoire dans la fabrication de contenants et le choix de la technique du tour n’était pas anodin.

Que fabriques-tu ?
Je fabrique des contenants en terre cuite. Il s’agit essentiellement de vaisselles utilitaires et dans une moindre mesure je fabrique des contenants de type plus décoratifs tels que des vases. Mes pièces sont créées entièrement de manière artisanale et traditionnelle dans mon atelier. Je travaille deux types de terres ardennaises qui sont du grès, un matériel rustique résistant aux éraflures et imperméable à l’eau. Mes pièces sont façonnées au tour de potier. Cette technique artisanale fort ancienne utilise un plateau rotatif sur lequel le potier, se servant de la force rotative, centre une motte d’argile et forme le pot. Elle nécessite un apprentissage prolongé et une pratique fort soutenue mais elle permet d’obtenir des pièces régulières et très légères.

Comment décris-tu ton style ?
Il est fort difficile de pouvoir décrire son propre style mais je peux en tous les cas dire que je suis animée par beaucoup d’humilité quand je travaille et que je cherche toujours à réaliser des courbes nettes, régulières et simples. J’aime le travail propre et précis.

Quelles sont tes inspirations ?
Je tire essentiellement mon inspiration tant des céramiques japonaises que de celles d’une certaine époque très prospère de l’école des métiers d’art de Maredsous. J’ai particulièrement de l’estime pour le travail de Lucie Rie, de Shinobu Hashimoto ou Gertrud Vasegaard dont les pièces sont sobres, épurées et témoignent d’un travail méticuleux.

Le minimalisme, c’est quoi pour toi ?
Le minimalisme, c’est peut-être une philosophie de vie qui tend vers la pureté et la simplicité de chaque chose.

Comment appliques-tu le concept « less is more » ?
Tous les aspects de mon travail tendent vers ce concept je pense. L’idée de tout artisanat est d’amener les gens à consommer moins et mieux. Différemment donc de ce qui est proposé inévitablement par la société dite de consommation. Dans mon cas, je propose aux gens d’acquérir quelques pièces de vaisselle qui ont été créées à la main, près de chez eux, de manière respectueuse et humble. L’idée est d’arrêter d’acquérir une grande quantité de vaisselle inutile à bas prix dans certaines grandes chaînes de magasins au profit de quelques pièces acquises auprès d’un artisan et réalisées personnellement pour chaque client.

Que fais-tu pour simplifier ta vie ?
Je n’ai pas tellement tendance à simplifier ma vie. J’accorde une grande importance à la notion de travail car je pense qu’on atteint une forme de pureté à travers la recherche, la persévérance et l’effort. Sans cela les choses restent à l’état de flottement, or j’ai l’impression que la réelle plénitude est quelque chose d’encré. Je suis du genre à vouloir faire mon pain moi-même pour tout ce que ça apporte de bénéfique de le faire soi-même. On ne peut pas dire que ça me « simplifie » la vie (rire).

Quels sont tes projets ?
Je souhaite développer mon artisanat afin de pouvoir complètement vivre des pièces que je fabrique. Je souhaite arriver à réaliser des pièces de plus en plus régulières et nettes. Quand j’aurai plus de temps et acquis davantage de dextérité, j’espère pouvoir également concrétiser un projet qui me tient fort à coeur et qui est celui de fabriquer des urnes funéraires.

Quels conseils donnes-tu à un jeune artisan ?
Privilégier un travail consciencieux et un effort quotidien.

Où pouvons-nous te rencontrer prochainement ?
Je suis en train d’installer mon nouvel atelier à Hennuyères (Belgique) dans lequel je pourrai accueillir dès février 2017 les gens qui souhaitent découvrir mon travail, comprendre la chaîne opératoire du travail du potier ou se choisir quelques pièces sur mesure. J’invite chaleureusement les gens à suivre mon travail sur mon site ou les réseaux sociaux pour connaître les dates des prochains marchés auxquels je participerai en 2017 ou connaître les restaurants où il est possible de tester ma vaisselle.

Merci Marie !

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