Quelle sont les différences entre les philosophies de gauche et de droite? D’où viennent ces valeurs de liberté et d’égalité? De quoi avons-nous besoin aujourd’hui? Voici le résumé de ce livre qui a l’ambition de répondre à ses questions.
Préface
Pour savoir, il faut avant tout se rappeler, aller chercher dans l’histoire (Burke, Maistre, Voltaire, Rousseau)
Le secret de vivre gai et content, c’est de n’être en guerre ni avec Dieu ni avec la nature” – Pascal
Introduction – retour aux sources
Nous allons parler de la droite, non pas comme positionnement politique, mais comme philosophie. Car politiquement, de nombreux partis de centre ou de droite peuvent être philosophiquement considérés de gauche. Les idéologies “de gauche” ou “progressistes” sont devenues la norme, le standard et c’est parce qu’elle est partout qu’on ne la voit plus. La gauche contrôle non pas la pensée, mais les moyens de faire penser (système scolaire, culture, médias). La gauche nourrit le libéralisme économique actuel, aide à créer de nouveaux marchés par la destruction des structures traditionnelles (le Bien, le Beau, le Juste).
La partisans de la philosophie de gauche se sont mieux adaptés aux méthodes de communication et étaient plus doués à faire rêver et à faire des promesses, ce qui n’a pas été le cas de la droite. Rajoutons à cela l’urbanité, le dysgénisme, l’individualisme, la tertiarisation de l’économie, le règne de la technique et le dérèglement hormonal.
“La lâcheté rend subtil” – Emil Cioran
La différence entre les idées de gauche et de droite n’a rien de nouveau. On peut penser au démos et l’aristos chez les Grecs, les nominalistes et les réalistes chez les Universaux au Moyen-Âge, les Anciens et les Modernes dans les temps modernes. Mais c’est le divorce lors de la Révolution française qui décrira la philosophie de droite qui nous concerne le plus.
“Un peu de philosophie écarte de la religion et beaucoup y ramène” – Francis Bacon
La plupart des grands écrivains, mais aussi les classes populaires se trouvent à droite. La gauche finalement regroupe les classes moyennes, les esprits moyens et les raisonnements moyens. L’individu postmoderne a appris dès le plus jeune âge, à haïr ce qu’il était en tant qu’Occidental.
I. Les “Lumières” de gauche
Aujourd’hui, Les philosophes des Lumières sont considérés comme des philosophes triomphant sur l’obscurantisme, l’intolérance et les préjugés du genre humain, ceux avec lesquels la religion et les traditions nous maintenaient odieusement enchaînés dans le despotisme et la bêtise.
Nous pensons avoir été librement instruits, mais nous ne connaissons que la philosophie des Lumières et de la Révolution et non pas celle de la partie adverse, la contre-révolution, la vraie droite.
Dès le début, il est difficile d’affronter les Lumières qui s’habillent de noms positifs (le progrès, la justice) et de bonnes intentions. Elles disent qu’avant elles, tout était obscur. Pourtant, juste avant eux, le 17e siècle était considéré comme le grand siècle avec Pascal, Descartes, Racines, Corneille, Perrault qui étaient tous chrétiens et royalistes.
Pourquoi les idées des Lumières se sont propagées? Tout d’abord par le progrès scientifique comme Newton, Leibniz, ou Descartes qui a conclu que la Raison pouvait tout découvrir dans ce monde physique réduit à des Lois. Dieu est alors mis de côté ou nié. La Raison s’infiltre ensuite partout ailleurs: la politique, la religion, l’économie et tout ce qui semblait irrationnel et mystique.
Les Lumières remettent ensuite en cause tout ce qui fonde la société, ses coutumes, ses habitudes, ses hiérarchies, ses croyances, ses solidarités.
« On croit pouvoir faire mieux de ce qu’on hérite parce qu’on croit avoir de meilleurs principes. »
Pour les Lumières, le bonheur est possible ici et maintenant. Et comme les lois mathématiques appliquées à la nature sont invariables et universelles, le bonheur devait être forcément possible pour tous. L’homme lui-même devient un chiffre.
Après la Liberté, les Lumières finirent par penser l’Égalité. Car le bonheur, selon eux, est possible pour tous en ce monde, les lois scientifiques étant universelles. Liberté et Égalité sont ainsi deux caractéristiques de la Gauche.
II. Les progressistes et la naissance des deux gauches
Même si les masses populaires rejettent les idées progressistes, ces idées nées dans la bourgeoisie restent entretenues et partagées par elle-même. L’élite, avec son mode de vie nanti et repu, fantasme la nature, l’immigré ou “le bon paysan”, tout en se divertissant. C’est aussi au 18e siècle que se crée le concept de société. C’est à ce moment où le métier d’acteur devient le plus prestigieux, on veut se faire aimer et on se soucie de l’apparence. L’incertitude sexuelle fait également son apparition.
Les deux gauches se créent avec Voltaire, la gauche libérale et bourgeoise et Rousseau, la gauche socialiste. La droite fut simplement exclue des débats, les deux gauches étant unies comme des frères.
III. Voltaire et Sade
“Les plus grands donneurs de leçons trainent généralement les pires boulets.”
Le combat de Voltaire fut d’écraser l’infâme, le clergé, l’Église catholique, le christianisme entier. Considéré comme une diva, il est l’ancêtre des intellectuels, médiatiques et bien-pensants d’aujourd’hui, utilisant les gris-gris encore adorés à ce jour dans le cœur de la gauche: Raison, Tolérance, Progrès, Liberté, Individu.
Mais à force de moquer la religion du bon Dieu, viennent immanquablement ceux qui veulent célébrer le diable tel le marquis de Sade qui n’avait dans ses écrits que viol, vol et blasphèmes. Si un État décide qu’il n’existe ni Bien ni Mal, en se posant comme axiologiquement neutre (..) alors les freins posés aux vices lâchent inévitablement. Vaut-il mieux craindre l’enfer ou la prison?
Malgré cela, c’est la droite qui s’est intéressée en premier aux conditions sociales, la diminution du temps de travail, l’augmentation des salaires, la diminution du travail des enfants, le logement décent pour les ouvriers.
IV. Rousseau et Robespierre
À force d’entendre les Lumières parler toute la journée d’égalité tout en allant se coucher dans la soie, un Rousseau est apparu pour créer la gauche socialiste.
Il condamna la société en tant que telle, cite que “l’homme est naturellement bon et c’est la société qui le déprave”. Le fameux “bon sauvage”. Avec lui, le mal n’est plus dans l’homme, mais à l’extérieur. Il crée ainsi la “culture de l’excuse”, comme pour le fait que Rousseau lui-même ait abandonné ses enfants. À ce propos, il dira “c’est un malheur dont il faut me plaindre et non un crime à me reprocher”. Pour lui, le grand coupable est la propriété, semant ainsi le futur communisme. Il crée le “contrat social” entre le citoyen et l’État qui dirige la suprême volonté générale, soit la dictature.
(Lire le discours de Juan Donoso Cortès 1849)
V. La révolution de gauche
L’image de la révolution n’a pas toujours été aussi fabuleuse qu’on nous l’apprend dans les manuels scolaires. On oublie les massacres en provinces, les exécutions sommaires, les guillotines des nobles aux prêtres, mais aussi de beaucoup de gens du peuple innocents. “Nous ferons un cimetière de la France plutôt que de ne pas la régénérer à notre manière”. Certains grands esprits comme Kant et Sartre justifiaient le prix du sang au nom de belles valeurs suicidaires.
VI. Les vertus de la continuité
Burke, un conservateur libéral, critique la Révolution française en 1790. Contrairement à la Révolution française, la Glorieuse Révolution anglaise de 1689 n’a pas fait couler de sang et voulait rétablir et continuer plutôt que détruire et tout changer.
La Révolution anglaise est conservatrice et la Révolution française est progressiste. La première améliore ce qui existe en s’appuyant sur le passé et l’autre part de zéro en méprisant le passé. La Révolution française découpe le territoire en département, impose une nouvelle religion, un calendrier et une langue.
VII. L’éloge des préjugés
Les Lumières sont comme des éternels adolescents qui, éblouis par les premières idées contestataires, propres à la jeunesse, prennent l’effet aveuglant d’un éclat trop vif pour un phare infini. Ils croient en la Raison plutôt qu’à l’expérience et aux faits. Rousseau dira “il faut avant tout écarter les faits, car ils n’ont rien à voir avec la question!”.
Un préjugé est ce qui a été pensé par d’autres, dans le passé, et qui s’est transmis, bon an mal an, jusqu’à soi comme une vérité ou une croyance qu’on adopte sans questionner outre mesure. Les Lumières ont voulu en faire table rase tandis que les Anglais les chérissaient.
Respecter les préjugés de sa communauté, c’est respecter l’intelligence de celle-ci nécessairement supérieure.
VIII. Qui est l’homme?
Les révolutionnaires de gauche ont imposé sous la menace de tueries les déclarations de l’homme. Mais qui est cet “homme”? Il s’agit d’une image abstraite et universelle qui n’existe pas réellement. Par contre, il existe bien des hommes, mais avec des histoires particulières, d’anthropologies différentes, de psychologies variées, autant d’éléments qui empêchent de plaquer des règles politiques universelles.
La grande différence entre la gauche et la droite, c’est de savoir si l’homme a une existence indépendante de la communauté à laquelle il appartient, ce que prône la gauche. La droite se rapproche d’Aristote qui disait que l’homme est un animal politique, son humanité est créée par le fait d’être citoyen, sa culture et sa tradition sont des éléments fondamentaux, l’homme universel n’existerait donc pas.
La droite croit donc que l’homme est consubstantiel à sa communauté, et la gauche croit qu’il l’est par accident ou acquiescement. C’est l’homme social communautaire qui a toujours existé et non l’homme concept individualiste.
En croyant aux droits universels des Droits de l’Homme, supérieurs aux cultures, aux traditions, aux religions locales, on se permet de les imposer par la force et de faucher des vies. Joseph de Maistre disait “La Déclaration des droits de l’Homme a créé une barbarie universelle, un sauvage décivilisé”.
IX. Pluralité et appartenance
Pour Kant et Voltaire, c’est le progrès qui rendra l’homme meilleur, l’humanité serait en continuelle progression à travers l’histoire, la gauche juge constamment le passé comme plus obscur que le lendemain.
Maistre dira: “le plus grand de tous les sophismes, c’est celui de transporter un système moderne dans les temps passés et de juger sur cette règle les choses et les hommes de ces époques plus ou moins reculées”.
“La civilisation avance, mais n’en devient pas plus parfaite”. Johann Gottfried Herder.
La gauche confond “ouverture” et “curiosité pour les autres civilisations”. La droite a toujours été celle qui postula le respect des identités et des traditions des autres, à condition qu’on respectât les siennes. Un être est avant tout une incarnation de sa propre culture.
Sachons nous aimer d’abord nous, nos femmes, nos enfants et notre clan, avec une joie tranquille, sans haine pour les autres, mais sans honte et sans faiblesse non plus.
X. La véritable souveraineté
Tout d’abord, il faut admettre qu’il n’y a pas d’égalité dans la nature: en conséquent ni entre individus. La gauche veut redresser la nature en permanence et lutter contre cette inégalité.
Joseph de Maistre: “dans la nature, il n’y a point d’association sans domination (..) l’autorité est la chose la plus importante, la plus sacrée, la plus fondamentale du monde morale et politique.”
Pour le bien du peuple, la souveraineté doit résider ailleurs, au-dessus de tout, y compris des puissants, et elle doit être intouchable. Sans la légitimité du passé ou de Dieu, il ne reste que la force.
XI. Grandeur et utilité du christianisme
“Le corps politique est comme un arbre; à mesure qu’il s’élève, il a autant besoin du ciel que de la terre” Antoine de Rivarol.
Sans Dieu, l’orgueil et la violence gagnent sur la fidélité et la modération. L’Église catholique est la gagnante du principe d’autorité.
XII. La naissance de la droite
Les premiers philosophes de droite sont les Anciens, les Classiques: Aristote, Platon, Cicéron, Thomas d’Aquin. Il s’agit d’idées anciennes, classiques, qui se veulent naturelles et qui sont facilement moquées par la gauche.
Les trois formes de droite qui perdurent sont celles de Burke, Maistre et Chateaubriand.
Burke est le conservatisme avec le respect et l’étude du passé, la méfiance face aux abstractions et aux prétentions universelles, avec des limites à la Souveraineté, y compris celle du peuple.
Joseph de Maistre: père du courant réactionnaire, avec une préoccupation de la décadence, style plus agressif, un christianisme providentialiste. C’est la droite du pamphlet, difficilement praticable.
Chateaubriand, une nostalgie impuissante ou un fatalisme découragé et stoïque. Elle se compromet car s’avoue vaincue.
XIII. Conclusion
Le vœu des Lumières s’est réalisé: il fallait que l’individu cherchât son bonheur avant tout: il l’a cherché. Qu’a-t-il trouvé? Seulement lui-même, seul, en train de chercher.
La première gauche s’attaqua à notre Dieu, la deuxième à notre civilisation, la troisième à notre race elle-même, celle des Blancs, à chaque fois sous prétexte de préjugés, de privilèges indus et d’oppression des faibles. Ces gauches sont destructrices, n’aiment que les utopies et on la haine du monde.
Au lieu de nier la nature comme le fait la gauche, il faudrait, au contraire, commencer par la prendre en compte. La racine du mal est la liberté économique, la libre circulation des marchandises, le consumérisme, le système de la dette, le principe de la monnaie.
La philosophie classique estimait qu’il y a une nature des choses physiques et morales. La philosophie moderne estime que les désirs individuels sont la mesure de toute chose. Une fois débarrassé de tout ce qui l’entravait, l’humain, selon la philosophie moderne, pouvait devenir une machine raisonnant forcément bien.
Le contrat social a pu exister parce que nous étions avant cela, une communauté. Ce n’est pas le contrat social qui a créé le “vivre ensemble”, mais l’inverse. La droite prône l’hier pour aujourd’hui.
Droite et déconstruction
Le mouvement de la reconstruction développée dans le 20e siècle a pour but de déconstruire, détruire, vider de son sens, défaire, refuser la métaphysique, la théologie et tout autre principe d’architecture.
Cette philosophie souhaite “libérer le désir”, se défaire de la religion, l’histoire, la culture, le sexe, la nation, la communauté, l’amitié (sauf celle de l’étranger), de tout ce qui rattache à quelque chose, il faut devenir un désert, un vide total.
Pour lutter contre ce mouvement, la droite doit être reconstruction, retour vers les fondamentaux, les vérités archaïques et les sources grecques. Elle doit être la promotion de l’idée et des formes à travers la redécouverte du Beau, du Vrai, du Bien, défendre les appartenances organiques et naturelles. Elle doit être reconstruction, non plus conservation.
Il n’y pas de société sans amitié, pas d’amitié sans ressemblance. Il faut refaire de l’homme un animal politique et non pas un animal tout court.
Qui a prouvé que l’homme, pour vivre et être heureux, voulait foncièrement être projeté dans l’abîme immense d’un potentiel infini d’une construction plastique de soi, plutôt que de suivre, au moins comme inspirations, des schémas et des rails établis avant lui?
Qui a prouvé que l’être humain n’avait pas, fondamentalement, l’immense besoin qu’on lui dise quoi faire, quoi être et comment, pour conduire au mieux sa vie ici-bas.
L’obligation de la défense de la chrétienté en tant qu’héritage dans notre civilisation ne fait aucun doute. Mais que répondre de l’athéisme? Il faut l’accepter sans en faire grand cas. On appartient à une famille avant de croire et de ressentir l’amour qui la lie, et quand bien même cet amour traverserait-il des crises et des rejets, on appartiendrait toujours à cette famille. Qu’importe donc si l’Occident semble avoir perdu la croyance en Dieu s’il accepte à nouveau de faire fondamentalement partie de la famille chrétienne.