Ce jeudi dernier, j’écoute la rubrique économique du journaliste Amid Faljaoui sur Musiq3, une chaîne de radio publique belge. Le journaliste explique que le confinement a du bon, car il a permis de découvrir tous les avantages du télétravail. Avant cela, les entreprises craignaient de faire travailler leurs employés à la maison par peur d’abus ou de baisse de la rentabilité. C’est tout l’inverse qui s’est produit.
Tout d’abord, le télétravail permet aux entreprises de disposer de moins de bureaux et ainsi diminuer ses dépenses. C’est donc le travailleur qui prendra les frais d’énergie ou d’internet à sa charge, sauf compensations pour certains. Aller, là-dessus, je ne les blâme pas, car après tout, c’est le but d’une entreprise, limiter ses coûts et augmenter ses profits. Les charges ne sont pas non plus trop élevées si on considère que l’employé gagne le temps de trajet et un certain confort non négligeable.
Ensuite, au niveau rentabilité, j’entends que les travailleurs travaillent même davantage que d’habitude et qu’ils sont plus efficaces. Adieu le préjugé qui voit le travailleur regarder Game Of Thrones toute la journée.
À vrai dire, ce qui m’a interpellé, c’est quand le journaliste a commencé à décrire les avantages pour les femmes. J’espérais qu’il ne tombe pas dans le cliché du post féministe, mais hélas c’est ce qu’il s’est produit. Son premier argument concernait les femmes devenues mères qui jusqu’à présent, étaient « obligées d’arrêter leur travail pour s’occuper de leurs enfants ». À nouveau, on tombe dans ce cliché, comme si faire des enfants était une obligation, une corvée, une malédiction pendant que les méchants mâles blancs ne font que boire et jouer au football en attendant.
Selon ce journaliste, grâce au télétravail, les femmes vont enfin trouver le bonheur, car non seulement elles pourront s’occuper de leur progéniture, mais en plus de cela elles auront la joie de travailler en même temps. C’est hilarant comme la situation devient paradoxale, car si je comprends bien, s’occuper d’un enfant devient tout à coup si facile qu’il est même possible de travailler en même temps. J’ai cru à un canular.
Et le discours continue pour expliquer qu’auparavant, il y avait des personnes qui devaient refuser certains postes, car elles se situaient trop loin de leur domicile. La solution miracle est là désormais. Les entreprises peuvent maintenant engager à l’autre bout du pays. Mieux encore, il sera même possible d’engager à l’étranger. Ces mêmes sociétés, qui parlent d’écologie, de valeurs progressistes, de solidarité, de respect de ses voisins, de la consommation locale vont finalement pouvoir engager des personnes à l’autre bout du monde. Pas parce qu’elles coûteront moins cher évidemment, mais sûrement pour faire preuve de « modernisme et de multiculturalité ».
En conclusion, je ne suis pas contre le télétravail. Mais pas complètement et surtout pas pour des fausses bonnes raisons. La vérité, c’est qu’en tant qu’employé, cela m’apporte un certain confort. Mais faire 100% de télétravail, ce serait transformer l’entreprise en une idée abstraite et finalement ce serait oublier qu’on travaille avec des personnes, des êtres humains. Épicure nous disait que le bonheur est dans l’amitié. Je me vois mal me lier d’amitié avec mon collègue indien qui se trouve à l’autre bout du monde.
John
Très très pertinent & lucide!
Bravo & merci
leminimaliste
Merci John!