Découvrez comment l’interdit est devenu l’exemple à suivre.
Les sept péchés capitaux (orgueil, avarice, luxure, envie, gourmandise, colère, paresse) sont des vices classiques issus de la tradition chrétienne. Bien qu’ils aient historiquement été dénoncés comme des défauts moraux à combattre, on peut constater qu’ils sont aujourd’hui souvent encouragés, valorisés, voire érigés en modèles dans la société contemporaine, particulièrement à travers les médias, la culture populaire, l’économie de marché et même certaines sphères politiques.
Voici une démonstration péché par péché, avec exemples concrets récents et actuels :
1. Orgueil (Superbia) – L’ego démesuré, la vanité
Dans la société actuelle :
L’orgueil est souvent célébré comme une forme de confiance en soi ou d’affirmation personnelle.
Exemples :
- Réseaux sociaux (Instagram, TikTok) : culture de l’image, mise en scène de soi, « influenceurs » qui s’exhibent dans des vies luxueuses. L’algorithme récompense la mise en avant de soi-même.
- Télé-réalité : des personnalités arrogantes sont mises en valeur, comme dans Les Marseillais ou Koh-Lanta, où la compétition égoïste est souvent glorifiée.
- Marketing personnel : la « personal brand » encourage à se vendre soi-même comme un produit, à se placer au centre du monde.
2. Avarice (Avaritia) – L’obsession de l’argent
Dans l’économie contemporaine :
L’enrichissement personnel est souvent vu comme le but ultime, on parle désormais d’“Ambition”, de “réussite”, et d’“optimisation”
Exemples :
- Cryptomonnaies et « trading facile » : promesses d’enrichissement rapide sans effort réel, avec des campagnes de pub qui valorisent la cupidité.
- Publicité : consommation sans fin de produits de luxe comme symboles de réussite. Pensons aux pubs de Rolex ou de Tesla.
- Politiques néolibérales : déréglementation, optimisation fiscale, réduction de l’impôt pour les plus riches, parfois justifiées par la « méritocratie ».
3. Luxure (Luxuria) – L’obsession sexuelle, la sensualité excessive
Dans notre société, on parle plutôt de “Libération sexuelle”, d’“expérimentation”, de “plaisir”
Dans les médias et la culture :
- Hypersexualisation dans la publicité : Le corps féminin et parfois masculin est constamment utilisé pour vendre (ex. parfums, lingerie, voitures).
- Clips musicaux : chorégraphies très suggestives (Nicki Minaj, Cardi B, etc.). Le sexe devient outil marketing.
- Pornographie facilement accessible : industrie florissante, banalisée, parfois dès le plus jeune âge.
4. Envie (Invidia) – La jalousie des biens ou du statut des autres
Dans notre société, on parle plutôt d’“Inspiration”, de “benchmark”, de “compétition saine”
Culture de la comparaison :
- Réseaux sociaux : incitation permanente à se comparer à des personnes plus riches, plus belles, plus heureuses. Cela nourrit l’envie, la frustration.
- Télé-réalité & magazines people : narration de vies de luxe inaccessibles qui créent le fantasme et la jalousie.
- Marketing de l’exclusivité : l’idée que « vous méritez mieux que les autres » (ex : Apple, Louis Vuitton).
5. Gourmandise (Gula) – L’excès dans la nourriture ou la boisson
Dans notre société, on parle de “Plaisir”, de “goût de vivre”, de “food culture”.
Culture de l’excès alimentaire :
- Fast food et Uber Eats : hyperaccessibilité de la nourriture industrielle, consommation compulsive encouragée.
- Challenges alimentaires sur YouTube / TikTok : ex. « mukbang », vidéos où des personnes mangent jusqu’à l’extrême.
- Obésité croissante : souvent liée à la surconsommation valorisée ou normalisée par la culture de l’immédiateté.
Colère (Ira) – La haine, la violence, l’agressivité
Dans notre société, on parle de “Indignation”, de “authenticité”, de “prise de position”.
Climat médiatique et politique :
- Talk-shows polémiques : comme Touche pas à mon poste, où les invectives remplacent les débats.
- Réseaux sociaux : culture du clash, de l’indignation permanente (outrage, cancel culture, trolls).
- Politique : montée des discours extrêmes, populistes, fondés sur la division, la peur, la colère (plusieurs politiciens de tous les échiquiers politiques en jouent).
Paresse (Acedia) – Le refus de l’effort, la procrastination
Dans notre société, on parle de “Slow life”, de “droit au repos”, d’“anti-productivité”.
Dans la culture numérique :
- Automatisation et AI : réduction de l’effort humain présenté comme idéal (ex. « gagner de l’argent pendant que tu dors »).
- Séries en boucle & binge-watching : Netflix, Prime Video, TikTok = consommation passive continue, souvent sans réflexion.
- Désengagement politique : forte abstention électorale, désintérêt pour le bien commun.
Conclusion :
Plutôt que d’être considérés comme des vices, les sept péchés capitaux sont souvent devenus des modèles de réussite, de plaisir ou d’identité personnelle. Ce glissement culturel, porté par les logiques de marché, les médias de masse et la société de consommation, montre une inversion des valeurs traditionnelles. Ce qui était autrefois à fuir est désormais à rechercher, voire à exhiber.
L’inversion des valeurs est devenue totale.
« (..) L’enfer aura le goût de paradis » – Sin City