Pour Noël, une amie m’a offert un livre de témoignages sur Géron Porphyrios, l’un des derniers saints orthodoxes contemporains. C’est la première fois que je lis un tel ouvrage et je dois avouer qu’il m’a presque donné envie d’aller élever des poules au mont Athos.
Qu’est-ce qu’un Géron
Géron est un titre donné aux pères spirituels dans l’Église orthodoxe, ce mot vient du grec et signifie littéralement « celui qui est âgé », même si dans les faits, il n’est pas obligé d’être âgé, mais plutôt doit être sage et béni par la « paternité spirituelle ». Il s’agit de quelqu’un qui a assez de charisme pour guider les autres sur la Voie. Il peut posséder plusieurs enfants spirituels avec qui il entretient réellement une relation personnelle. Le plus souvent, il s’agit d’un religieux, un prêtre et plus rarement un laïc. Cela peut être un homme ou une femme.
Engagé dès l’enfance
Géron est né en 1906 en Eubée, en Grèce, sous le nom d’Evanguélos Baïraktaris et s’endort le 2 décembre 1991 à l’âge de 85 ans. Il est né dans une famille pauvre, mais pieuse, et est le quatrième d’une fratrie de cinq enfants. Il commence à travailler dans les rares champs de la famille, puis dans les mines de charbon et dans une épicerie. (Nous n’imaginons même plus comme la vie était radicalement différente au temps de nos grands-parents). À douze ans, il décida d’aller suivre la voie monastique au mont Athos, c’est le commencement d’une longue vie d’engagement pour faire du bien. Il a travaillé une trentaine d’années dans une polyclinique et a ensuite poursuivi sa vie auprès de ses frères au mont Athos, là où il s’est éteint. Des milliers de personnes sont venues lui rendre visite pour recevoir sa bénédiction.
Une vie de souffrance physique
Géron Porphyrios a été malade presque toute sa vie à partie d’environ vingt ans. Il a commencé par avoir une forte pleurésie (une maladie aux poumons qui occasionnent une douleur à chaque respiration) et a ensuite eu de nombreuses autres maladies dont des problèmes dans les différents organes, des ulcères, des problèmes de peau, une cécité, une hernie, une bronchite chronique, et pour couronner le tout, un cancer. Il ne se plaignait jamais et lorsque son médecin lui demandait à quel point il avait mal, par exemple sur un herpès centré sur une grosse partie du visage, il répondait « Comme si j’appuyais ma joue droite sur une poêle d’huile bouillante ». Tout en restant calme et sans montrer de gémissement. Il ne cherchait pas d’aide et accueillait même ses maladies comme une grâce divine pour partager la douleur des autres et surtout du Christ.
Il avait même prié le ciel pour avoir un cancer afin de vivre la souffrance de ses frères et du Christ. N’y voyez aucun sadomasochisme, même si personne d’autre n’oserait souhaiter une chose pareille.
Clairvoyance et pouvoir de guérison
Géron avait ce qu’on appelle le pouvoir de clairvoyance, c’est-à-dire qu’il pouvait voir très loin, même au-delà des montagnes, sous la terre et dans les profondeurs. Il pouvait également voir dans le passé, le présent et dans le futur.
En tant que non-croyant, cela paraît naturellement très difficile à accepter. Personnellement, lorsque j’ai commencé à lire ces témoignages, cela m’a aussi fortement étonné, mais lorsque j’ai lu le nombre de personnes différentes qui livraient leur vécu, le tout combiné à ma foi personnelle, je n’ai eu aucun doute. Les témoignages venaient de personnes très différentes comme des médecins, des journalistes, des colonels, des universitaires, des scientifiques, des directeurs d’administration, de musées.
Et nous ne parlons pas de super-pouvoirs comme nous envoler tel Superman ou soulever des chars d’assaut avec une main, si un moine du mont Athos en était capable, Marvel aurait sûrement du soucis à se faire.
Parmi les dons de Géron, nous pouvons lire qu’il prodiguait de nombreux conseils comme au pilote d’un sous-marin de l’armée grecque qui lui a permis d’éviter une collision sous la mer. Ou bien à un habitant prévenu qu’une nappe phréatique se trouvait sous sa résidence. Il donnait des conseils à de nombreuses familles et des couples qui leur ont permis de surpasser leurs difficultés. Il a aussi guéri de nombreuses personnes et les a aidé à adopté un mode de vie plus sain comme arrêter de fumer. Et même le jour de sa mort, on peut lire le témoignage de cet homme qui lui a téléphoné pour lui demandait un conseil. À l’heure où Géron était déjà éteint, cet homme a entendu sa voix au téléphone qui lui a parlé comme d’habitude et qui lui a demandait à la fin de l’appel « Mon fils, ne m’appelle plus car je suis mort désormais ».
Au-delà des dons, un homme dévoué
Certes, ses miracles étaient impressionnants et ont changé la vie de centaines de personnes. Mais au-delà, sa vie est surtout le témoignage d’un homme qui a voué sa vie entière à faire du bien autour de lui. Un homme qui ne se plaignait pas de ses souffrances, mais qui au contraire, les recevait comme un cadeau de Dieu pour lui permettre de compatir avec les autres. Sans avoir fait d’études théologiques, il avait des paroles de sages. Il travaillait sans relâche et avait le regard lumineux. Sa présence était une source de chaleur et de réconfort pour toutes les personnes qui l’ont rencontré.
Géron Porphyrios est un exemple vivant qui prouve encore qu’aujourd’hui, dans un monde que l’on croit perdu par le matérialisme, la décadence, la guerre, la séparation, des personnes peuvent être un exemple de bonté pure. Car c’était un véritable saint, muni d’une humilité incroyable. Car même en ayant donné sa vie pour les autres, en ayant fait autant de bonnes choses, en ayant souffert presque depuis l’enfance, il se considère encore comme un grand pécheur à la dernière minute de sa mort et a supplié à tous ses frères et ses enfants spirituels de lui pardonner s’il leur a causé du mal et de prier pour lui lorsqu’il rencontrera le Tout Puissant.
Quelques citations du livre qui m’ont parlé
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Il est de notre devoir de considérer tous les croyants comme un seul, et de penser que chacun d’entre eux et le Christ. Et d’avoir pour chacun un amour tel que nous soyons prêts à sacrifier pour lui notre vie. Car nous ne devons ni voir ni ne considérer aucun homme comme mauvais, mais tous les voir bons. Si tu vois un frère tourmenté par une passion, ne le hais pas lui, mais hais les passions qui le combattent. Si tu le vois tyrannisé par ses désirs et des habitudes de péchés antérieurs, compatis plus encore pour lui, de peur que tu n’éprouves toi aussi la tentation, puisque tu es d’une matière qui tourne aisément du bien au mal. L’amour pour ton frère te prépare à aimer davantage Dieu. Car, si tu n’aimes pas ton frère que tu vois, comment est-il possible que tu aimes Dieu, que tu ne vois pas ?
En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il a vu, comment peut-il aimer Dieu, qu’il n’a pas vu ?
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C’est la lumière qui chasse l’obscurité
Les dons sont comme un service religieux
Quand il y a beaucoup de pêches dans un pays, alors sa politique va de travers au lieu d’aller droit
Ne parle pas du tout quand ton mari se trouve face à une difficulté. Fais ta prière et demande à d’autres de prier. Car autrement tu crées chez lui une situation difficile, il ne trouve. Pas de joie et de chaleur, et alors il commence à regarder à droite et à gauche.
Est-ce possible que Dieu aide les hommes à réaliser tant de découvertes, et que le diable les utilise, et que nous, Chrétien, nous ne les utilisons pas? En parlant des technologies.
Plût à Dieu que nous allions tous dans l’Église incréée terrestre, parce que si nous n’entrons pas dans celle-ci, nous n’entrerons pas non plus dans l’Eglise Celeste.
On ne peut pas aimer l’homme si on n’aime pas Dieu, et on ne peut pas aimer Dieu si on n’aime pas l’homme.
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Un dialogue entre Géron et une de ses filles spirituelles:
-Vous souffrez, Géron?
-Oui, je souffre.
-Où souffrez-vous, papouli?
-Partout
-Géron, que dois-je faire pour trouver la joie dans ma vie?
-Lis la Sainte Ecriture, va à l’église, aie un père spirituel, communie, en d’autres mots deviens une bonne chrétienne. Alors tu trouveras cette joie que tu cherches. Tu vois que je souffre maintenant, mais que je suis heureux. Et toi quand tu approcheras un peu le Christ, tu trouveras la joie dans ta vie.