J’aime le Corona – J10 Le cauchemar

Ce soir avec les filles, c’est soirée pizza. On les commande par téléphone dans un restaurant au coin de la rue. Je me propose d’aller les chercher. C’est la première fois de la journée que je sors à l’extérieur.

Il paraît que dans certains pays comme l’Italie, les citoyens n’ont même pas le droit de sortir. Je dois me considérer comme chanceux. J’arrive devant l’établissement. Devant l’entrée, il y a des tables qui bloquent l’accès. Je ne comprends pas pourquoi. Je me faufile sur le côté pour rentrer dans le bâtiment. La serveuse à l’intérieur me hurle dessus avec son accent italien « hey, no, c’est interdit de rentrer monsieur ».

J’attends dehors devant les tables. Il y a un type en scooter à côté de moi avec son habit de Deliveroo. « C’est comment le business » je lui demande. « Calme » me partage-t-il. J’aurais cru que les livraisons à domicile auraient grimpé de chiffre d’affaires.

Les pizzas sont prêtes. La serveuse arrive avec un masque et dépose les paquets sur la table. Je comprends mieux maintenant l’utilité de cette table.

Avec les filles, on se régale. C’est sûrement l’un des meilleurs moments depuis cette quarantaine. On ouvre une bouteille de vin rouge. La soirée dure jusqu’à deux heures du matin. Je m’endors comme une enclume.

Pourtant, je me réveille vers quatre heures du matin. Je rêvais que j’étais conscient, mais que je ne pouvais pas me réveiller, comme si j’étais coincé dans mon rêve. J’avais déjà lu un article sur ce sujet. Après plusieurs minutes, je parviens à me lever. Je transpire des gouttes grosses comme des tomates cerises. J’entends un bruit au rez-de-chaussée. Je prends ma gourde en métal dans une main et je descends les escaliers, doucement.

Je vois la porte de la terrasse ouverte et la silhouette d’un jeune adolescent en train de fouiller mes affaires pour prendre mon ordinateur. J’arrive par-derrière et je l’assomme avec ma gourde. Le son ressemble à une petite cloche d’église. Il est à moitié endormi, je le saisis sous les bras et le traîne jusqu’à la terrasse. Le jardin des voisins est à dix mètres de hauteur. Ils sont partis à la mer durant la quarantaine. Il fait assez frais dehors, dire que c’est le printemps. J’arrive à voir les étoiles pendant la nuit, je ne sais pas si c’est parce qu’il y a moins de pollution ou si c’est juste une coïncidence. Je fais glisser le bonhomme par-dessus le bord et il tombe calmement sur le sol en béton la tête la première.

Il faut que j’évite de manger des pizzas avant de dormir.

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Lisez la suite de cette histoire mi-fiction mi-réalité

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