L’Epicurisme : le père du Minimalisme

Tout le monde parle du Minimalisme comme étant la dernière tendance. Mais à vrai dire, il s’agit d’une philosophie qui existe depuis plus de deux mille ans. Et elle a été créée par un philosophe grec bien connu: Épicure.

Cet article est la suite de l’article Les origines du Minimalisme.

Qui est Épicure

Épicure est un philosophe grec né en 342 av. J.-C.. En plus de sa propre philosophie, il explique que le monde est composé d’atomes indivisibles et que l’âme aussi en serait composée. Il développe aussi l’empirisme en disant que chaque sensation est à l’origine d’une connaissance. Oui, il a quelques flèches dans son arc.

Les critiques

Sa philosophie basée entre autres sur le plaisir a été maintes fois critiquée par ses pairs. À ce moment-là, en Grèce, il y avait principalement deux écoles. En gros: les Romains austères et les Grecs, frivoles.

On parodiait souvent Épicure comme quelqu’un de débauché et qui se nourrissait sans limites à tel point qu’il vomissait deux fois par jour. Mais cela est loin de sa vraie philosophie. La voici en détail.

Les Dieux ne sont pas à craindre

Pour Épicure, nous ne sommes pas soumis à un ordre immuable qui nous assujettit inexorablement. Nous pouvons modifier notre situation, pour peu que nous le voulions.

“C’est comme cela. Et cela aurait pu être autrement”

La maladie n’est qu’un accident, une caractéristique secondaire. C’est un accessoire qui ne touche pas le fond de la personne, son essence. La Fortune libère plutôt qu’elle n’asservit. Nous ne devons à la situation ni culte ni obligation.

Le bien-vivre

Épicure recherche le bien-vivre, présent dans toute la philosophie grecque. Platon rêvait d’ailleurs d’une Atlantide où le Vrai, le Beau et le Bien règnerait sans partage. Epicure quant à lui, se concentrait sur le plaisir. Selon lui, les hommes recherchent le plaisir par nature.

« Le plaisir n’est ni dans l’avenir ni au ciel, mais dans le corps présent. Qui diffère la joie se contredit: il refuse le plaisir en prétendant au plaisir. »

L’absence de douleurs est-elle le plaisir? Cette question fait débat. Toutefois, Épicure maintient que nous souffrons plus de l’idée que “ça ne va pas s’arrêter” que du mal lui-même.

Le plaisir

Pour Épicure, l’abus est hors nature, voire contre nature. Mais Épicure ne bannit pas le superflu. Il ne propose pas une quantité exacte, mais propose plutôt la découverte du seuil où il y a excès, et donc désordre et douleur.

Pour Platon et Aristote, la tempérance vient de la totalité universelle dont l’individu dépend. Pour Épicure, la tempérance est d’abord pour soi-même.

“Commencer sans aller jusqu’aux dernières conséquences, c’est ne rien faire, pire: c’est mal faire. »

Il y a dans l’Épicurisme une nécessité et une volonté de totale réalisation.

La jouissance du plaisir est double selon Épicure: elle est dans le mouvement de la recherche et dans l’objet découvert. Le plaisir est le premier des biens naturels.

« Parvenir au plaisir ne nécessite qu’un moindre effort, peu vertueux. Chacun est déjà parfait. »

La mort n’est pas à craindre

Pour Épicure, la mort ne concerne pas les êtres vivants. Elle ne nous menace pas comme le prétendent les mythes. Dans la langue grecque, on indique la mort par “J’ai vécu” ou ‘J’ai fini de vivre”. La mort n’existe pas pour les vivants. La mort est la dispersion des atomes.

L’amitié

L’amitié est le rapport libre entre les humains. C’est un rapport bien au-delà des intérêts, du besoin ou de la passion. C’est l’accomplissement suprême de la sérénité épicurienne. Elle est acte plutôt que déclaration.

Pour Platon, l’amour est le désir d’union. C’est se réunir et se fondre avec l’objet aimé et ne plus faire qu’un au lieu de deux.

« L’amitié ne peut jamais devenir un bien acquis pour toujours. Elle n’est pas donnée. Elle se réactive par les actes constamment. »

Le quadruple remède d’Épicure

  • On ne doit pas craindre les dieux
  • On ne doit pas craindre la mort
  • On peut atteindre le bonheur
  • On peut supprimer la douleur

En conclusion

L’Épicurisme est la recherche du bonheur. Ce n’est pas une question de générosité et d’aventures donjuanesques. Il s’agit d’abord de plaisir qui commence par la suppression de l’inquiétude. On peut comparer cela au minimalisme par la recherche de l’essentiel, la suppression de ce qui nous encombre. Cette philosophie a été au début une réaction de l’histoire qui promettait le bonheur pour demain. Épicure propose de ne pas différer la joie. Il propose le bonheur et la liberté dans la société des amis.

“Le seul vrai remède à toute douleur est l’amour de la vie”.


Ces notes ont été inspirées des livres suivants:

  • “Lettres à Ménécée – Épicure” de Pierre Pénisson
  • « Épicure Maximes” des collections Babel

2 comments

  1. La dernière phrase, je viens de la noter au début de mon agenda ! Elle tombe à pic pour moi ! Merci. Belle journée.

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