Le minimalisme est un luxe

Édouard Coste est un ami qui tient le blog minimalisme.ch. Il répond à cette fameuse question : le minimalisme est-il un luxe ?

Merci Édouard !

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Avant d’attaquer ce sujet ambitieux, je me présente. Je m’appelle Édouard Coste, je vis à Genève et je tiens le blog minimalisme.ch. L’objectif de ce blog est d’aller plus loin que le simple fait de vous expliquer comment vivre avec une cuillère, un bol, un t-shirt, un caleçon et un lit. En fait, ce site essaie de montrer une manière de voir la vie au travers d’un prisme : celui du bon sens.

Aujourd’hui, nous allons essayer de nous pencher sur ce sujet qui peut paraître complexe vu que le minimalisme ne s’apparente pas de prime abord à un luxe, mais au contraire à son absence.

Or de notre côté, en Suisse, le luxe, on connaît ! Nous sommes le pays des banques, du chocolat, du ski, des machines-outils, de la pharmaceutique et de l’horlogerie. Tous ces secteurs rapportent beaucoup d’argent à ceux qui y travaillent et la Suisse de part cette richesse est une vitrine du «maximalisme», certes moins ostentatoire que ce que pourrait afficher la Russie ou moins brutale pour l’environnement que celle des États-Unis.

De ce fait, nous, les petits Suisses, vivons entourés de tout ce que nos sociétés occidentales peuvent nous vendre comme rêve au travers de leurs émissions télévisées, de leurs publicités qui polluent nos villes et de tous leurs magazines divers et variés. Ainsi le luxe que nous connaissons, soit nous en vivons, soit nous le vivons, voire les deux évidemment !  Et le luxe est pour beaucoup le fait de posséder un grand nombre d’objets matériels, mais c’est aussi faire beaucoup d’activités, c’est cumuler un nombre incalculable de sorties, c’est dépenser sans compter : c’est se faire plaiz’ en claquant son fric ! 

Cependant nous n’allons pas refaire ici la démonstration que le minimalisme peut nous apporter plus avec moins et que nous pouvons être très heureux en consommant différemment et en se débarrassant du superflu. Je vous laisse le soin d’aller voir quelques articles qui traitent de ce sujet si vous souhaitez tester de nouvelles pistes en ce sens :

Non, la question ici est de savoir pourquoi le minimalisme serait un luxe? En réalité, selon moi, le minimalisme et au sommet de la pyramide de Maslow :

Le minimalisme fait partie de la « réalisation du soi ». Nul besoin non plus de rappeler qu’une personne démunie financièrement vivant avec peu n’est en rien une personne minimaliste, car il ne s’agit ici pas d’un choix de vie, mais d’une contrainte pécuniaire empêchant d’accumuler des biens. En effet, cette personne rêvera probablement de pouvoir entasser tout ce que le minimaliste a souvent possédé avant de s’en défaire !

Et c’est ici que nous pouvons nous poser la question de savoir s’il est possible de devenir minimaliste sans être passé par la case « opulence » ? Car rares sont ceux qui n’ont jamais été attirés par la possession « physique/matérielle » ou même par la possession « d’expériences » (faire beaucoup de voyages, consommer des loisirs). Tout bon minimaliste avouera qu’il est plus facile de se détacher d’une belle voiture après avoir vécu l’expérience de la conduire pendant des mois. Ainsi, tous les objets ou les expériences peuvent devenir lassants à force d’être répétés encore et encore.

Il faut goûter le vinaigre
pour apprécier le miel.

 

Cette « fatigue » peut finir par nous pousser vers le minimalisme, vers cette philosophie du détachement de toutes dépendances matérielles ou affectives (ici les relations sentimentales en font partie). Le minimaliste qui cherche alors un sens plus profond à sa vie revient alors à des valeurs simples en étant débarrassé des frustrations de ne pas « posséder » telle ou telle chose ou de ne pas avoir vécu telle ou telle expérience. Passer par cette phase de «maximalisme» peut s’apparenter au fait de devoir goûter au vinaigre pour apprécier le miel ! 

Dès lors, si nous devons passer par cette phase d’accumulation pour apprécier la décroissance nous venons de démontrer que le minimalisme est le dernier étage de la pyramide de Maslow, car ceci veut dire que nous avons comblé les quatre niveaux inférieurs qui sont nos besoins physiologiques, nos besoins de sécurité, nos besoins d’appartenance et notre besoin d’être reconnu.

Donc si le minimalisme fait partie du développement de soi, alors c’est le plus grand luxe que nous pouvons attendre de cette vie, car peu d’entre nous pourront parvenir à escalader cette fichue pyramide pour aller se combler dans les bras du Less is More ! Hormis les Êtres éclairés qui verront avant les autres que ce chemin vers la croissance n’est pas viable et qu’il est préférable de faire l’impasse sur cette vie de consommation avant même d’y entrer de plein fouet, nommons ici les moines tibétains ou autres religieux ou de toute autre personne refusant d’entrer dans notre société de consommation par conviction et non par manque d’opportunité.

Mais attention non plus à ne pas s’approprier le minimalisme par vanité de pouvoir vivre avec peu et ainsi flatter son ego. Car le minimalisme dans sa finalité ultime c’est d’arriver à tuer son égo et à ne vivre que dans le présent tout en ne s’inquiétant plus du tout du regard des autres. À méditer !

J’espère ainsi avoir pu apporter une réponse à la question qui m’a été posée et avant de vous quitter, je tenais tout particulièrement à remercier Grégory pour m’avoir donné une place sur son blog et pour nos échanges qui sont passionnants sur bien des sujets ! 

Enfin je souhaite plein de succès à « leminimaliste.com » et surtout je salue tous les Belges et Français qui me liront !

À bientôt,

Edouard Coste
FB : Edouard Coste – minimalisme.ch

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