Jour 29 – Minimalism is Maximalism

Le terme minimalisme est à vrai dire très mal choisi. La vérité n’est pas de réduire mais d’augmenter. Non pas retirer mais rajouter. Pas supprimer mais démultiplier. Avoir plus, plus, plus. Une véritable imposture.

Il ne s’agit pas d’avoir moins d’objets, moins d’activités, moins de contacts. Mais bien davantage de libertés, de sens, d’efficacité, de plaisirs. Il va de même avec le terme “sobriété”. Une tenue grise est parfois décrite comme sobre. Je dirais l’inverse. Elle est forte et remplie de personnalité, “axée sur le plus important”. La coupe, la matière, les mouvements, la personne. Et si le besoin est, un petit détail coloré sera tout de suite mis en évidence.

Ce matin, je passe chez Ralph Lauren. Je cherche un kimono pour diminuer le nombre de mes vêtements. Aujourd’hui, j’ai deux pyjamas courts et un long. J’aimerais avoir une seule pièce élégante pour l’intérieur et que je pourrais utiliser aussi pour sortir. D’où l’idée du kimono. Chez Ralph, il n’y en a pas. Alors, on me redirige vers Hermes. Rien non plus. Et ils me renvoient ensuite chez Kenzo. À croire qu’il se soutiennent les uns les autres. Pour le client, c’est très bien de l’envoyer à la concurrence. Même si l’idéal serait d’avoir ce qu’on veut directement.

Une vendeuse me dit « La partie décoration d’intérieur vaut la peine ». Vous avez déjà entendu aussi ce genre de phrases. Comme « Ce vêtement est très beau » ou « Ce plat est délicieux, très bon choix ». Quelqu’un qui vend de la qualité, il n’a pas besoin de donner des adjectifs subjectifs. La qualité se voit et se sent directement. C’est souvent ce qui différencie le vrai haut de gamme du reste. Quand un vendeur est certain de sa marchandise, il laisse le produit parler à sa place. Et c’est pareil pour les personnes. Quand une personne sait ce qu’elle vaut, elle n’étale pas tout ce qu’elle a d’un coup. Elle se laisse désirer.

Cette après-midi, je m’occupe de l’invention la plus excitante qu’on ait trouvée depuis l’aube de l’humanité : les statistiques. Notre monde est devenu si complexe qu’elles sont devenues incontournables. Chaque société a son petit lot de Big Data à analyser. Tout cela pour se justifier auprès des clients, des investisseurs ou des fournisseurs. Certains diront, c’est aussi pour faire un bilan de santé comme une personne. C’est vrai. On pourrait faire une prise de sang, reprendre chaque ligne (il y en a 53) et réaliser des tableaux Excel. Avec ça, on peut savoir si on doit manger plus ou moins de viande, de graisse ou de Chocapic. Et on ferait ça avec chaque membre de la famille. Chaque année. Et inscrire chaque jour ce qu’on mange dans un beau petit tableau récapitulatif. Bon je vais déjà terminer ceux que j’ai au boulot et je réfléchirai après.

Ce que je ne vous ai pas dit:
Ce que j’ai osé demander au magasin
Quels sont les vêtements que j’ai encore donnés aujourd’hui 

2 comments

  1. Je ne sais pourquoi mais ton billet me fait revenir en mémoire une phrase que nous avons entendue hier soir à la conférence à l’Arsonic.
    « Décider ce n’est pas savoir trancher ou exclure, décider c’est savoir relier ».

    Si le cœur t’en dit, mon blog qui a prit lentement son envol en décembre dernier: http://www.claudionichele.eu/blog/
    Amitiés, Claudio

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