Nous sommes des adulescents, des enfants qui ne veulent pas grandir

Moitié adultes, moitié adolescents, entre 25 et 40 ans voire davantage, voici la génération des adulescents dont nous faisons partie.

Voici un extrait de l’émission « Je t’aime etc » qui explique ce phénomène.

Une claque

Lorsque j’ai visionné cette vidéo la semaine dernière, cela m’a mis une véritable claque. Moi qui osais penser être suffisamment mature par rapport à mon âge, je me suis rendu compte que j’en étais encore bien loin.

Car même si j’ai reçu pas mal de baffes étant enfant et que mon patriarche me forçait à ranger et à nettoyer ma chambre chaque semaine, je trouve avoir vécu dans un grand confort. Et je dirais même que mes parents ont été très présents jusqu’à bien tard, voire même le sont encore parfois.

Je ne dis pas qu’une fois la majorité, les parents doivent disparaître de la vie de leurs enfants, mais qu’ils ont en effet à les laisser s’échapper du nid. En tout cas, je dois avouer que c’était le cas pour moi, à moins que ce soit juste une question d’origine méditerranéenne.

Et il n’y a pas que les parents qui poussent vers ce phénomène de « Tanguy » ou de « Peter Pan ». La vie moderne offre tellement de confort et favorise le plaisir, la consommation et l’individualisme, que finalement, il n’est plus nécessaire de sortir de sa zone de confort pour se forger sa propre personne. Nous sommes assistés par l’État providence devenu lui-même une mère nourricière. Par exemple, il n’est plus nécessaire de pouvoir produire sa nourriture, se loger ou se défendre, l’État le fait à notre place. Le côté face de ces avantages, c’est que l’on favorise la faiblesse et que la prise de responsabilité n’est plus encouragée.

S’amuser, s’amuser, s’amuser

Dans le reportage, je trouve que la vision du monde professionnel est très juste. Nous ne recherchons plus des collègues, nous recherchons des « potes ». On veut « prendre plaisir » au travail. Et l’argent que nous gagnons, nous le dépensons comme de l’argent de poche tout en prônant la fameuse locution « carpe diem », vivre au jour le jour, sans se soucier du lendemain, et donc sans vouloir penser à long terme et à prendre des risques pour le futur.

Voilà aussi pourquoi le fait de vouloir s’engager sentimentalement devient de plus en plus rare. On préfère s’amuser et arrêter dès que cela devient un peu difficile ou ennuyant. Sans parler de la volonté de faire des enfants. J’ai déjà entendu certains dire « ah, mais moi je ne fais pas d’enfants, ce monde est trop cruel ou trop ci ou trop ça ». Mais en vérité, il s’agit juste d’un comportement lâche pour avouer qu’on n’ose pas prendre la responsabilité de s’engager et qu’on préfère vivre pour sa petite personne dans le plaisir perpétuel de l’adolescence. Je ne blâme pas cela, car je suis certain d’en avoir fait partie également.

Bref

J’avais envie de conclure en me disant « bref », cela m’a fait penser à cette série française de Kyan Khojandi qui retranscrit exactement le trentenaire célibataire actuel et sa vie sociale qui n’a plus de sens finalement. Osons prendre le risque de grandir, osons vivre complètement cette vie qui nous est offerte. Le bien, le mal, le plaisir et la souffrance. Préférons l’amitié et le futur, cassons quelques œufs pour une omelette savoureuse.

9 comments

  1. Bonjour Gregory et Merci à toi pour ce partage et de la vidéo et de ta contribution

    « J’ai déjà entendu certains dire “ah, mais moi je ne fais pas d’enfants, ce monde est trop cruel ou trop ci ou trop ça”. Mais en vérité, il s’agit juste d’un comportement lâche pour avouer qu’on n’ose pas prendre la responsabilité de s’engager et qu’on préfère vivre pour sa petite personne dans le plaisir perpétuel de l’adolescence. »
    Hmm..ça dépend Gregory, encore faudrait-il creuser la réponse et la manière de la décrire et l’expliquer.
    J’ai longtemps abondé dans ce sens . Également dans celui que tu décris sur la moindre prise de risque et le long terme souvent négligé au profit du court terme. Mais finalement, est-ce que cette tendance n’est pas aussi celle de la société et des usages majeurs…que cette génération épouse? Ainsi,il est forcément difficile de s’en émanciper et de se croire « suffisamment intelligent pour y échapper » en même temps que d’y être intégré
    Et si on renversait le paradigme, n’est-ce pas également acte de lucidité même si c’est assaisonné à la sauce lâcheté? on pourrait même se demander si ce n’est pas mieux finalement pour ces adulenfant d’éviter de mettre au monde « des charges »dont ils seraient souvent indignes et irresponsables ?
    Ne nous méprenons pas, j’en ai rien à cirer de l’aspect démographique et qu’on serait trop nombreux et blabla auto flagellation. On m’a déjà reprise là dessus lorsque j’émettais cet avis; on pourrait être le double sur terre à partir du moment où j’ai la certitude que chaque parent a pris un engagement moral (ou légal^^) de faire de son enfant une priorité (en temps passé, en attention donnée, en risques pris…et non pas seulement en confort matériel ou rente financière!), la fameuse « société » s’en sortirait bien mieux.

    Je dis ça parce que je suis parent et bien que je sois très content et impliqué dans la vie de mes petits garçons, il y a une part non négligeable de concessions et de don de soi- qui va à l’envers de notre société et par extension de notre éducation.-qui peut être difficile à supporter (et qui m’a par moments soulés et mis à bout lol). Et je me place dans le panier haut + des parents, sans arrogance aucune, simplement dans le sens où j’ai concrètement mis ma vie de famille au centre de mes préoccupations (pour tuer l’adulescent qui était imposant!), en réduisant + ou – volontairement mes désirs individuels et activités pro, où je suis content de passer du temps avec mes enfants, où j’investis pour leurs tempéraments et nos liens…mais tout de même, cette société qui est décrite dans le reportage est un piège tortueux qui défavorise grandement l’éducation des enfants et le rôle des parents! Rien qu’à voir comment le digital rend les adultes aussi enfantins compulsifs; d’ailleurs la vraie raison pour laquelle je n’y suis pas n’a rien d’herculienne! Oui je peux flatter mon orgueil en disant que je le fais pour être en phase avec mes principes éducatifs blabla mais en réalité, je suis surtout conscient que si je me mets à utiliser ces réseaux sociaux, je n’échapperai pas à ces envies addictes et JAMAIS je n’arriverai à tempérer ces usages. Le truc a été pensé pour me rendre addict !

    mais quand je vois certains parents de cette génération qui font tout pour laisser leur enfant garder parce que trop occupé à bosser ou trop occupé à être connecté, qui font payer à leurs enfants le moindre écart d’attitude déviante (trop lent, trop vite, trop fort…je ne parle pas des vraies bêtises préméditées qui méritent sanction), qui sont d’une incompétence, voire de lâchetés (les vraies hein je parle pas des impatiences et désordres commun à tous) vis à vis des enfants, je me demande si finalement (et paradoxalement) la décision de faire des enfants n’était pas…égoïste et bêtement reproductive.

    Finalement Cher Gregory, je décèle pour toi ainsi que pour moi une pointe de nostalgie, non pas (que)pour notre enfance mais aussi pour nos parents (ou ceux qu’on a cotoyé) qu’on ne retrouvera pas de sitôt dans notre génération et on tombe un peu dans le piège « c’était mieux avant »^^

    Il y a finalement un majeur problème civilisationnel qui dépasse de loin la mauvaise volonté ou la lâcheté des uns et des autres qui finalement sont conditionnés pour avoir ce type de réflexion « carpediemiste » c – a d la version extrême et JePrendsCeQuiMarrange du carpe diem

    En tout cas, comme d’habitude, c’est un plaisir de te lire tes partages pertinents et critiques

    Bon dimanche

    John

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    1. Bonjour John,

      Merci pour ce complément et ce témoignage personnel.

      En effet, tu as tout à fait raison, les messages que les médias ou notre culture nous envoient nous poussent justement à devenir le plus libre possible et à supprimer toutes les limites et donc toutes les responsabilités. L’état providence nous couve comme des poussins. Le divertissement règne en maître que ce soit par les loisirs, les voyages, les expériences, les sorties, etc. La science et la technique sont les nouveaux dieux. Toute spiritualité a totalement disparu. Il n’y a plus de raison de mourir et il n’y a donc plus de raison de vivre. Il ne reste plus grand-chose mis à part le plaisir personnel de l’immédiateté.

      Et tout cela est un héritage avec lequel nous sommes nés ou en tout cas qui nous entoure fortement et c’est en effet dur de s’en soustraire. Je vais parler de mon expérience personnelle. Je crois qu’il y a deux points de vue.

      Il y a d’abord un certain abandon encouragé par l’environnement qui pousse à laisser tomber les bras. Nous nous trouvons alors parfois de fausses excuses pour avouer sa faiblesse. Tu as raison qu’il vaut mieux alors simplement avouer de se sentir incapable plutôt que de se mentir et de tomber dans le déni. Je crois alors à la volonté de puissance de Nietzsche qui définit les hommes avec une quantité de force intérieure définie dès le début et différente des individus. Certains en ont peu, certains en ont largement. Une idée réaliste, peut-être dure, mais juste.

      D’autre part, il y a ceux qui ne voient pas ou n’ont pas les connaissances suffisantes pour s’en rendre compte. Et j’ose croire que parmi ceux-là, certains pourraient changer leurs actes en ayant la « theoria », le regard qui permet de voir le monde, les Grecs le voulaient beau et bon. Les connaissances que j’acquière en ce moment, l’étude que je fais sur mon histoire et mes origines, l’analyse que je fais du monde, tout cela change mon point de vue et affûte ma volonté, ou peut-être je la retrouve finalement, enfouie parmi l’influence du mondialisme. Je témoigne d’une certaine libération et j’ose rechercher désormais une certaine responsabilité, pour transmettre ce que j’ai reçu de mes ancêtres à mes futurs enfants.

      Tu as bien trouvé, mon cher John, j’ai une certaine nostalgie, une envie de conserver certaines valeurs dont j’ai hérité. Oui, j’ose le dire, c’était mieux avant pour certaines choses. Peut-être pas pour tout. Mais j’échangerais volontiers le confort de certains lois qui me couvent contre un peu de sens, de risque et de liens plus authentiques.

      Merci encore pour ton commentaire, je trouve important d’échanger pour enrichir son regard,

      Passe une bonne semaine,
      Grégory

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  2. Merci pour le partage Gregory.

    Moi je trouve que c’est l’inverse. J’ai l’impression de ne pas vraiment avoir eu d’adolescence. J’ai arrêté l’école à 16 ans. Et j’ai commencé à bosser pour moi, et essayer de vivre d’un business en ligne à ce moment-là.

    Dans tous les cas : je suis bien d’accord avec toi. Nous sommes bien trop assistés. Cela nous rend faibles. On ne prend plus de risque. On essaie de fuir notre quotidien. On perd le goût de vivre, on perd notre volonté de puissance, et on essaie, inconsciemment, de disparaître.

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    1. Bonjour Florian,

      Je peux croire en effet que certaines personnes peuvent se passer d’adolescence. Je serais d’ailleurs curieux de savoir l’évolution des termes qui différencient les différents âges tels que bébés, enfant, adolescents, adultes, personnes âgées. J’avais déjà lu que pendant une époque, nous considérions soit les adultes, soit les petits adultes. Il y avait certainement des avantages et des inconvénients à cela que j’aimerais connaître.

      Toutefois, j’ai l’impression qu’aujourd’hui, nous tendons justement à davantage différencier les personnes à un tel point que finalement, il n’y aura plus de catégories, mais juste des individus uniques et différents. Une tendance certainement appréciable pour notre système économique qui aime les nouvelles niches de marché vu la concurrence grandissante, mais qui n’est qu’illusoire finalement car non, nous ne sommes certainement pas unique. Un savon doux et de qualité conviendra certainement à de nombreuses personnes, qu’elles soient jeunes, vieilles, blondes, rousses, blanches ou noires.

      Ce qui rejoint la volonté de puissance dont tu parles. Peu en possèdent vraiment beaucoup. Et beaucoup en possèdent peu. Tâchons en effet de la conserver et de l’utiliser au mieux.

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  3. Cher Gregory ,

    Merci pour ton retour 🙂

    J’abonde forcément pour ton premier paragraphe et ces lourd constats. « Il ne reste plus grand chose mis à part le plaisir personnel de l’immédiateté  » oui plus grand chose qui prenne autant de poids et de place dans l’ère du temps;
    c’est pour ça que j’appuie encore plus, c’est tttttrès « dur de s’en soustraire ». (plus) Long (qu’on croit), tortueux, paradoxal et contraignant (si on fait la démarche jusqu’au bout) car il ne s’agit pas seulement d’un héritage avec lequel nous sommes nés mais dans lequel nous baignons et grandissons socialement; et il est là le traquenard continu.
    Un traquenard qui peut faire passer quelqu’un qui en a juste un peu pour le plus grand des baroudeur de notre époque et à l’inverse, d’autres qui ont par exemple un réservoir important mais qui sont les fameux poissons d’Einstein qui essayent de grimper aux arbres com le singe.
    Par « très », j’entends l’emphase qui inclut bien sûr la volonté sans pour autant la rendre paramètre initial déterminant & trieur de destin (et c’est un compulsif de la volonté qui te le dit, tiens ^^)

    Je suis complètement d’accord avec le fait que certains en ont peu, d’autres en ont largement, ce constat n’est pas si dur il est bien réel. Toutefois, certains facteurs, c’est là où je veux en venir, peuvent soudoyer voire castrer cette volonté de puissance de façon insidieuse et continue. Et d’autres peuvent la décupler et la nourrir plus ou moins profondément. Encore faut-il (et la tâche est majeure et continue) avoir entrepris une analyse critique de son histoire, de soi-même, de la société, de ce que je peux être ou faire de cette vie pour l’activer…et même pour ceux qui ont fait ce travail, cette volonté de puissance n’est pas si évidente à juger et incarner
    Alors pour ceux qui n’ont pas pris cette peine lol, la volonté de puissance est un charabia lunaire inaccessible qui n’a même aucun sens ni intérêt

    Finalement je crois que la volonté est :
    @limitée (dans la durée et dans sa mise en oeuvre s’entend mais pour autant peut être très importante et varie comme tu l’as dit selon les individus) ;il y a une étude très intéressante la dessus en psychologie positive réalisée par Tal Ben Shahar
    @surcôtée: comme le talent ou la fameuse « intelligence » avec les biais qu’on leur accorde (ou pas)
    @mouvante & évolutive: le contraire de permanente et fixée dès le départ, je crois qu’ on peut s’en créer une sur-mesure grâce notamment à la lecture de tonton Nitch ou come tu l’as parfaitement précisé la théoria et ce qu’on en fait

    Quant à la nostalgie, que je te comprends 😉
    Pour ma part il y a évidemment des valeurs que j’aimerai transmettre, d’ailleurs certaines seront certainement ou paraîtront rudes à cause justement de notre ère sociétale qui changera encore quand mes garçons seront ado.
    Pour autant, il y en a que je remets volontiers en cause.
    je te donne un exemple; le respect des ainés. Perso, j’apprécie et j’applique. Mais franchement, quand je vois l’attitude de certains de 10 ou 15 ans plus âgés…je m’interroge; leur dois-je le respect à ce point s’ils ne sont guère respectable?
    Puis avec l’âge, certains, je les vois davantage tels qu’ils sont et d’un coup j’idéalise beaucoup moins l’éducation qu’ils ont pu avoir.
    Si en 2042, je suis encore de ce monde et que mon fils se pointe pour me dire « hey papa, je regrette l’époque les années 2020 où nous étions libres et qu’on avait accès à tout etc… » comment réagirais tu^^?

    Excellent Week end Gregory,

    au plaisir de te lire 😉

    John

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    1. Bonjour John,

      Ton analyse de ce qu’est la volonté est en effet intéressante. Surtout, comme tu le dis, où l’on nous envoie de faux messages disant que nous sommes tous uniques, exceptionnels, géniaux, des graines prêtes à germer avec une intelligence capable de concevoir une fusée avec deux bouts de ficelles et remettre en question la loi de la relativité. Certainement pas. Je crois que les personnes vraiment douées et exceptionnelles sont rares. Je parle de Napoléon, Alexandre le Grand, Jeanne d’Arc, Pythagore, etc.

      La plupart de nous, si nous étions nés à une autre époque, ne serions que des esclaves. Et je ne me considère pas différent. J’aurais certainement été un esclave, peut-être un bon ou un très bon esclave, certes, mais tout de même. De toute manière, j’exagère peut-être, mais mis à part le confort qui a changé, ne sommes-nous pas finalement aussi esclaves d’une certaine manière?

      Si mon fils me posait la question que tu me poses, je lui répondrais qu’en effet, nous étions libres et nous avions accès à tout, mais nous étions seuls, vides de sens et peureux comme jamais. Et finalement à nouveau, qu’est-ce que la liberté? Surtout dans la situation que nous vivons en ce moment. Je ferai certainement un article d’ailleurs qui définit liberté et égalité.

      Bon week-end John,
      Grégory

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  4. […] Voilà le monde dans lequel nous vivons, un monde à nouveau sans limites et où le petit individu a le droit de tout et de n’importe quoi. Un monde où l’on a peur d’avoir une identité forte et durable pour un pays. Un monde où l’on a peur de vexer les minorités. Certains diront parce que nous sommes tellement généreux et tolérants. Mais c’est en fait tout le contraire, c’est justement parce que nous sommes devenus faibles et peureux. Trop faibles pour supporter le poids de l’histoire et de nos ancêtres, trop faibles pour s’affirmer et oser penser à demain, oser construire, oser s’engager fermement, oser prendre le risque de prendre une direction forte, oser affirmer qui on est une bonne fois pour toutes avec nos qualités et nos limites et arrêter de pleurnicher lorsque l’État providence, cette grande maman poule qui nous couve même en étant adulte, ne se soumet pas à nos petits caprices d’adulescents. […]

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